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Une interview sur le Paipo avec Jacky Rott
Pionnier du surf Français
  Une interview sur le Paipo avec Jacky Rott
October 11, 2012, Dax, Landes, Sud Ouest France
Propos recueillis par Philip Zibin fondé sur des questions de Bob Green
Aide de traduction de Philip Zibin, Guilhem Rainfray, Benoit Mori,
Lucie Josse et Benedicte un Alexandre Rott.
 
R.I.P. Jacky Rott (27 août 1932  - 9 juin 2019, 87 ans)


Photo Gravée de Alexandre Rott.


 
Jacky Rott a joué un rôle central dans le développement du surf en France. Peut-être le rôle le plus connu est son partenariat avec Michel Barland. Les planches de surf de Barland-Rott ont été vendues dans toute l'Europe, même en contrebande en Espagne pendant l'ère de Franco.
 
Moins connu est son rôle dans la fabrication des plankys, les petites plaqué en contre-plaquées au nez relevé, utilisées à partir de la fin des années 1940. Le design de cette planche de bois au nez courbé a été attribué à Georges Hennebutte, un homme créatif, dont les inventions comprenaient entre autres le « fil à la patte » (précurseur du leash) et un canot pneumatique de sauvetage en caoutchouc, l'Espadon.

Jacky Rott a aussi pu réaliser deux copies de la planche de surf du scénariste américain Peter Viertel. Rott est ainsi devenu l'un des pionniers de la fabrication des planches de surf en Europe.

Dans cette interview, réalisée sept ans avant sa mort le 9 juin 2019, Jacky Rott nous raconte comment il a commencé à fabriquer des plankys, le précurseur du bodyboard, qui étaient montées par de jeunes surfeurs de l'époque, ainsi que ses premières tentatives de surfer debout et de la fabrication des toutes premières planches de surf en France.


1. Voilà, J'ai une liste de questions, et je ne pense pas prendre trop de votre temps. En fait, comme je vous l'avez mis dans le mail, c'est un australien qui est à l'origine de cette demande. Il s'agit de Bob Green. Il a un site internet et s'intéresse à tout ce qui est surf, mais couché, dont à l'origine le "paipo", c'est le terme Hawaiien?
Le terme Hawaiien c'est le "paipo".

Oui Paipo, c'est des planches que les hawaiiens utilisé au début…mais couché.

Mais qui n'avait rien à voir, parce que ces paipo dont vous parlez, j'ai vu pratiqué, c'est des planches plates, relativement longues.

Non pas forcement, des fois c'a faisait à peu près 6 pieds, la hauteur d'un homme, voir beaucoup plus court. Et bien sûr il y a les planches réservées à l'élite hawaiienne, les "Olo"..des grandes planches. Là c'était les planches pour, je dirais, le tout-venant hawaiien. Et les gens pouvaient surfer, même les tahitiens d'ailleurs……car c'est d'origine aussi tahitienne. Donc ils s'intéressent à ce type de planche……;.
[Note de la rédaction: ces planches, de la taille d'une personne et moins, s'appelaient Pae Po`o, maintenant raccourci à Paipo et Alaia planches.]

Il y a une grande polémique d'ailleurs, qui a été le premier? Et on dit que ce sont les tahitiens!!

C'est vrai, tout à fait…il y a eu une immigration de Tahiti vers Hawaii…et il y a eu des recherches et même d'ailleurs péruvienne, car quelque part on suspecte une immigration du Pérou vers Tahiti et ensuite …ca c'est encore…

Les péruviens compte tenu de leur passé…nautique, ils n'ont pas un passé…de grand navigateur.

Ah, après ça se perd, il y a tellement de civilisation au Pérou qui ce sont éteintes, qui par la poussée d'autres civilisations venues du nord……après il y a plein d'hypothèse et on cherche…

Là y quelqu'un qui est très fort ici en France, je ne sais pas si vous le connaissez, c'est Gibus de Soultrait.

Oui..Gibus de soultrait, le fondateur de Surf Session Magazine.


Jacky Rott, 2012 avec une photo de sa première planche de surf, une solide copie en balsa de la planche de surf de Peter Viertel. Cette planche était bleue, la planche de surf de son frère André était rouge. 

Photo par Philip Zibin.

Voilà, lui c'est le surf, le surf, le surf…c'est une passion…et il a décliné sa passion dans la création de ce journal…et il fait énormément de recherche…il est à Paris…il a une bibliothèque et est allé chercher très loin…très fouillé. D'ailleurs, c'est le soir ou j'avais été invité à Bayonne, et donc justement lors de cette soirée pour parler surf, qu'il m'avait décliné toute ces études, ces recherches qu'il avait faites…et il m'avait parlé des tahitiens comme étant normalement …les promoteurs du surf.

Bon moi le contact c'est que je collectionne, comme Gibus de soultrait, beaucoup de magazines anciens et livre sur le thème du surf…toute la collection des "Surfer" par exemple de John Severson…et c'est pour ça que par connaissance…il m'a demandé si j'avais l'occasion d'aller sur la métropole…et comme j'y suis aujourd'hui c'est l'occasion.

Vous êtes d'où vous?

Ben moi je suis de Saint Pierre de la Réunion, c'est au sud de la Réunion…mes grands-parents ils sont de Montauban, ce n'est pas très loin d'ici… .

Ah Montauban…

Je suis un peu du Sud-Ouest quelque part. Voilà.

Et vous surfez-vous?

Oui je surfe tout à fait.

Et à la réunion?

Oui à la Réunion.

Et vous n'avez pas peur des …?

On fait avec.


Ils ont montré tous les filets de protection qu'ils mettent maintenant… .

Ça à très peu d'utilité…'est juste pour " boucher les yeux ".

Moi ce que je pense ce qu'il ne me viendrait pas à l'idée de commencer à surfer aux aurores et encore moins à la tombée de la nuit…je n'irais pas quand les eaux sont troubles.

Ben, vous savez bien que quand les eaux sont troubles c'est qu'il pleut et que c'est les meilleurs vagues…Le problème de la Réunion, c'est sa configuration, vous avez des embouchures, des ravines et c'est vrai c'est là où se forment les vagues et malheureusement l'eau n'est pas forcément claire.

Donc le surf à la Réunion il est un petit peu en danger à cause de cette histoire de requins…mais les passionnés continuent… c'est comme les cyclistes, même si il y a des accidents de voiture…ils continuent.


Ca doit être terrible quand même, d'être dans l'eau, les pieds qui trainent dans l'eau, et on a beau être captivé par le surf, par la vague qui arrive...

C'est au début, c'est les 5 premières minutes.

Après vous n'y pensez plus.

Après c'est le surf, on est dans l'eau.

Vous pensez d'abord à l'élément liquide et à rien d'autre et pas ce qui l'habite.

Ah si quand on est dans l'eau, on voit des tortues, des dauphins, etc…mais on est concentré sur sa vague on est concentré sur la houle, ou on discute avec les copains. Voilà c'est assez classique. Et puis arrive ce qui dois arriver, malheureusement on n'est que de passage sur cette terre.

2. Et donc je voulais savoir, quel a été votre premier contact avec l'océan?, À quel moment avez-vous mis les pieds dans l'eau?
Ah moi j'ai mis les pieds dans l'eau depuis que je suis haut comme ça…

Vous êtes né sur le bord de mer?

Je suis né ici à Dax, mais toutes mes vacances, je les ai passé à Biarritz, parce que j'avais des parents qui habitaient Biarritz, donc à Pâques, aux grandes vacances, même à Noël, on allait au bord de mer, on ne se baignait pas, mais on était en contact avec l'eau…moi l'océan même si je ne m'y baigne pas, je le contemple, c'est tellement magnifique que on peut rester devant une mer déchainée au "Rocher de la vierge" et regarder éclabousser les vagues pendant une après-midi, sans être obligé de se mettre à l'eau.

Tout à fait, c'est le grand spectacle. Et avant de fabriquer des plankys vous étiez menuisier si j'ai bien compris.

J'étais ébéniste et mon père était ébéniste et il nous a appris le métier. Et nous habitions à ce moment-là au centre-ville (de Dax) et comme nous menacions le centre-ville avec les métiers du bois, nous étions considéré comme…dangereux…à cause de l'incendie.

Donc un jour, le maire, comme à chaque fois que mes parents voulait s'agrandir, a voulu stopper l'activité et a dit " vous partez "…à force de dire vous partez…ils sont partis.

Et on est arrivé ici en 1950…voilà…et ici en 1950, il n'y avait pas beaucoup de voiture, la guerre fini en 45…45-50 bon, les gens ne se déplaçaient pas, il faut savoir que je suis à deux kilomètres et demi du centre-ville…et 2.5 km à cette époque-là…il n'y avait pas de voiture, pas de moyen de locomotion…les gens ne ce déplacé pas. les gens ne se déplaçaient pas. Aussi nous avions notre activité meuble qui régressait…on a changé notre activité et en changeant notre activité donc on en est venu à faire autre chose, bien sûr. Au fur et à mesure que l'on faisait des trucs on avançait au vol.

Et cette activité d'ébéniste, elle vous prenez tout votre temps? Vous aviez encore du temps libre pour pouvoir surfer?

Quand je faisais des meubles, on avait le temps…j'ai toujours eu mon temps 100% pris, et tout ce que j'ai fait en plus, c'est vraiment en plus de mon travail. Quand on faisait des meubles on était à 100%, on a commencé à monter un atelier, c'est drôle la vie, les orientations changent, on faisait des meubles pour un monsieur qui avait monté une usine de chaussures, ici à Dax…voilà comment ça a commencé…et ce monsieur venait voir l'évolution de ses meubles…et puis il voyait des bouts de bois par terre. Il me disait tout le temps, avec ces bouts de bois que tu jettes et que tu mets au feu, tu devrais me faire des talons de chaussures, pour mes souliers.

On lui dit, attends un peu quand tu auras fait quelques paires de talons, t'en auras assez…quand tu auras fini 1000 paires tu en auras assez…mais non, mille paires, il me les faut tous les jours. . Ah bon! AAlors là ça a fait tilt un peu dans notre tête, et on a donc étudié la question de faire des talons. On a commencé à faire des talons de chaussures en bois, comme ça, par cet intermédiaire de ce Monsieur. Indirectement ça vient du meuble…et donc moi à cette époque-là, j'ai beaucoup nagé, fait des courses de natation, je nageais énormément, je faisais beaucoup de body. Le body c'était une chose, alors quand les américains sont arrivés en 1945, ils avaient des espèces de grands oreillers énormes…

Gonflables?

Oui gonflables, ils couraient sur le sable…ils gonflaient ces oreillers et ils les fermaient, et ils se mettaient à l'eau sur ces boudins à deux, à trois …et se faisait porté par les vagues qui déroulaient. Après ils sont arrivé avec des matelas pneumatiques…et se faisaient porter par les vagues qui déroulaient. Après ils sont arrivés avec des matelas pneumatiques… et ils ont surfé toujours sur les vagues déroulées sur les matelas pneumatiques. Et donc ça, ça nous a donné quelques idées, le planky est arrivé…très très vite après…je pense que le planky est arrivé dans les années 47…dans les années 47 on a vu les premiers plankys à Biarritz…je m'en suis acheté un tout de suite…et j'ai commencé à faire du planky là-dessus. Et puis comme on était en train de changer d'orientation de travail nous, moi j'avais les copains qui étaient guide baigneurs à la grande plage de Biarritz, "mais pourquoi tu nous fais pas des plankys on en trouve pas, fait nous des plankys et on t'en vendras, parce que tout le monde nous en demande"…alors ce que 'ai fait avec mon frangin, on a fait des plankys…on a fait d'abord un premier planky et on a fait un châssis pour mouler les plankys…de manière à ce que l'on puisse les mettre dans l'eau qu'ils ne se décollent pas etc.…et on avait une laque, une laque marine, que l'on avait trouvée, une laque marine extraordinaire, qui ne se fait plus d'ailleurs et qui permettait de laisser le machin à l'eau tant qu'on voulait…et on fabriquait les planches de surf avec la laque. On a fait les premier plankys comme ça.

Et je les ai apportés à mes copains, les guides baigneurs, qui s'en ont pris chacun un pour eux. Et puis effectivement grâce au bouche à oreille, en ont vendu à des copains à eux. Et puis un beau jour, je me suis dit que je n'allais pas me limiter à ça, maintenant que j'ai fait un châssis je vais vendre des plankys. Je suis allé trouver des magasins à Biarritz, qui avaient des difficultés à en trouver, et je leur ai vendu des plankys.

D'accord, parce qu'il n'y avait pas beaucoup de fabricant à l'époque?

Non, il y en avait très très peu…et un jour, je vais vous dire pourquoi on a arrêté, un jour, il s'est avéré que des fabricants de déroulé…vous savez ce que c'est le déroulé?

Non, c'est…

C'est pour faire le contreplaqué, le bois qui est en billon, vous faites des planches et vous pouvez le dérouler, comme ça,

Comme on épluche une pomme….

Comme on épluche une pomme, mais dans le sens longitudinal, dans le sens de la fibre du bois. Vous obtenez des placages de bois qui font 2mm, 1mm, jusqu'à 5/10eme de millimètre [voir la note 1]. Donc, nous on avait acheté du 2mm, pour nos meubles et on avait des chutes de 2mm.

Un jour, un gars qui s'est mis à faire du déroulé, il s'est avéré qu'il avait des chutes en quantités, chose que l'on n'avait pas nous…on avait que quelques chutes. Et il s'est mis à faire des plankys. Il a sorti un prix de revient, que l'on ne pouvait pas sortir, et donc on s'est dit que l'on ne va pas continuer à s'embêter avec ça, on arrête!

Et donc on a arrêté la production de plankys.

Mais c'étais qui ce fabricant?

Je ne sais pas, un fabriquant de déroulé, il n'était pas dans le coin…ça arrivait de je ne sais pas où. D'ailleurs, c'était des déroulés de hêtre, et il le laissé de couleur naturel du hêtre, en principe ils étaient vernis incolore, et il vendait ça comme ça. Ce qu'il avait oublié de faire, c'est qu'il livrait ça avec des colles, qui n'étaient pas des colles imputrescible à l'eau. Car nous, nous avions de colles pour les meubles imputrescibles à l'eau, et les plankys qu'on vendait, ils ne pouvaient pas se décoller, parce que ça ne se décolle pas à l'eau. Les plankys qu'il avait, les trois quarts du temps, en bout du plankys il y avait une traverse en travers pour éviter que le plankys ne gondole, malgré ça, ça se décollait, ça se défaisait, ça tenais pas le coup quoi.

3. Et ce fameux avant recourbé, quelle est son origine?
Et bien au début les avants recourbés étaient faits à la vapeur ou à la pseudo vapeur…on pouvait prendre une planche de bois blanc, le bois blanc ici c'est le peuplier…le bois avec lequel on fait les cageots, c'est un bois qui est relativement léger, qui est assez meuble, et qui se déforme relativement facilement à la vapeur. Donc on plongeait ce bois dans de l'eau bouillante, on le laissait tremper et ensuite, il suffisait de faire une contre forme de ce que l'on voulait obtenir et on le courbait légèrement et "plaf", on le laissait pendant une nuit à sécher, le lendemain matin quand l'eau s'était évaporé, le cintre était plus ou moins bien gardé.

Après on a essayait la vapeur, parce qu'on a fait tous ces essais, on a essayait la vapeur, la vapeur c'était vraiment une machine à vapeur, c'était un vrai Bazard…on s'est dit " attends on va faire comme on fait les meubles, les portes à doucine ", on faisait des portes galbées comme ça, on va faire une matrice, on va faire un châssis, et on va mouler les trucs avec l'avant recourbé. Alors comment est venue l'idée de l'avant relevé ? Exactement je ne sais pas, il y a un truc, c'est que les matelas pneumatique avec lesquels les américains était arrivés, le matelas était fixe et vous aviez la têtière qui était légèrement pliée comme ça. Et quand ils voulaient prendre une vague, ils relevaient la têtière. Est-ce que c'est venu de là, je ne sais pas. Mais il y a une chose que l'on sait, que quand une vague déroule, elle a un angle relativement pentu, au moment où elle déroule cette accentuation de la pente s'opère, et s'il y a quelque chose de très plat, on enfourne.

En plus de ça, le ski, les skis, ils ont tous l'avant recourbé, vous n'avez pas l'idée de quelqu'un…encore que ça a fait des progrès pour les skis de descente, maintenant ils sont moins recourbés qu'avant. Mais à l'époque les skis, ils étaient très relevés, donc je pense que c'est la logique qui a amené à ça, c'est la logique qui a amené à faire un planky en le recourbant.

C'est-à-dire qu'au début dans les années 20, on voyait ce que l'on peut appeler l'ancêtre du planky, mais complètement plat.

Parce qu'il existe depuis les années 20?


Des couvercles de cercueils à Perranporth, 1919

Source de la photo inconnue.

Et bien avant ! Moi c'est ce que j'ai comme information, maintenant s'est à voir, car il parait que Georges Hennebutte qui aurait élaboré en 1925 une planche de surf, peut être recourbée ou pas. C'est l'un de ses neveux Claude Durducoy.

Vous l'avez vu Claude?

Non je ne l'ai pas vu!

Je lui ai téléphoné hier soir, pour savoir, pour ne pas dire de bêtises, s'il n'aurait pas souvenir de l'époque où on a vu apparaitre les premiers ? Alors, on l'a situé tous les deux dans les années 47. Et ensuite je lui ai dit Georges, qu'est-ce qu'il a fait ? Il m'a parlé de cette anecdote ou…il serait parti récupérer au magasin "Au Bonheur" à Biarritz, récupérer ce qui faisait l'emballage des tissus…voilà les tissus c'était des planches plates autour desquelles on enroulait les tissus. Alors il aurait récupérer parait-il, chez les marchands drapier donc, ces planches, qu'ils auraient recourbé, en trempant dans l'eau chaude, et en mettant un contrepoids pour pouvoir lui donner une forme…...L'inconvénient c'est que ça ne tient pas ça.

Ah…il a essayé.

C'est normal qu'il ait essayé, de toute façon c'était un garçon qui essayait tout.

Oui, il a réalisé pas mal d'innovations.

Absolument.


Henri Poncini avec un planky 1958 et le nez incurvé planky


Photo de l'exposition d'Anglet 2007 gracieuseté de Antony 'Yep' Colas et FreeWave site web.



Planky


Photo par Hervé Manificat.

4. Et vous pouvez, m'en parler un peu plus de ce George Hennebutte?

 
Georges Hennebutte

Photo avec la permission Antony 'Yep' Colas.



Oui, là on sort du cadre du planky. Moi Hennebutte, je l'ai connu un peu accidentellement. Ma première planche de surf, je l'ai fabriquée en 52, à la suite d'un film que j'avais vu sur la commémoration de l'attaque de Pearl Harbour, c'était en décembre…c'était en décembre 1941 l'attaque…oui c'était les 10 ans…c'était en décembre 1941 l'attaque…oui c'était les 10 ans…c'était donc en 1951, aux actualités télévisées, j'ai vu l'attaque de Pearl Harbour, j'ai vu les américains qui s'amusaient à toute sortes de jeux, tout d'un coup un flash…un gars qui était debout sur une planche…et nous à l'époque, on faisait du planky…on était allongé…j'étais avec mon frère André. Quand on a vu ça, on a fait un saut sur le siège, et on s'est dit…on peut faire ça debout, c'est fabuleux. Je n'ai pas pu voir la forme de la planche…et voilà ça s'est passé comme ça. Et j'ai fabriqué à la suite de ça une planche en 52, on s'est mis au travail avec ces panneaux de bois blanc, de peuplier, pour faire une planche de surf. On s'est dit que pour flotter, il faut que ce soit assez grand, on va faire un truc de 2m20 de long, d'ailleurs les planches (de peuplier) n'étaient pas beaucoup plus grandes. Et on a fait le bout relevé, on s'est dit qu'on allait faire un sabord relevé, comme on l'a pour le ski, et comme on le fait pour le planky. Voilà comment par déduction on y est parvenu. On a fait une boite carrée, on s'est pas emmerdé, il n'y avait pas de dérive, rien.

Et, je suis parti essayer ça à Biarritz, un échec total. J'ai essayé à la chambre d'amour le matin (spot de surf) et à Ilbarritz, l'après-midi avec des copains guide-baigneurs, on a fini dans les rochers, la planche s'est coupé en deux et elle avait un trou. Le panneau, comme ce n'était pas du contreplaqué, il s'est fendu et l'eau est rentrée à l'intérieur. On est reparti surfer. C'était à cet instant un copain qui était sur la planche, il attendait, pendant ce temps la planche se remplissait d'eau, et puis quand la vague est arrivé, le surf il s'est mis comme ça, toute l'eau qui était à l'intérieur est passée devant, puis il est parti, il a enfourné comme un sous-marin. Il s'est cassé la figure, la planche est partie en l'air et boum, il l'a reprise sur la tête. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? La planche est arrivée au bord est a fini de se casser.

Voilà l'aventure a duré un jour. Donc ça c'était en 52. Je n'ai pas renouvelé en 52 cette expérience, et dans l'intervalle, j'ai vu "Hawaii, ile de rêve" de Jacques Chegaray. J'y étais allé à la suite de la conférence. C'était un jeune morpion à l'époque, il m'a gentiment éconduit. Je n'ai pu rien en tirer, je lui ai demandé des renseignements techniques, rien à faire. Donc je suis parti, mais j'en avait vu assez, si vous voulez, pour me faire une idée du truc. Ça c'était dans le courant de l'automne 52. En 53, j'ai été appelé à l'armée pour mon service militaire et j'y suis parti en mars. J'y suis resté 18 mois et je suis rentré en décembre… car quand je suis allé à l'armée, je suis revenu et rappelé l'année suivante en Algérie. D'Algérie je suis revenu en 56, fin 56.

Dans l'intervalle, cet été là, 56, Viertel est venu à Biarritz avec une planche de surf. Parce qu'il tournait un film avec Hemingway, et donc, il est venu voir les vagues de la côte basque, et il s'est dit, tiens on pourrait pouvoir faire du surf là. Il faut savoir que Viertel ne savait pas faire du surf, c'était Zanuck qui savait faire du surf, pas lui. Donc il a fait venir une planche de surf de Californie et il a fait l'essai de se mettre debout, il n'y est pas arrivé. Il ne savait pas qu'il fallait mettre de la paraffine dessus, il s'est cassé la figure. La planche a fini dans les blocks, le nez de sa planche s'est cassé et il fallait la réparer. Et Hennebutte était là !

Hennebutte a réparé cette planche, car il commençait à tâter un peu dans le polyester. Il a réparé le nez de cette planche, et quand elle a été réparée, il a voulu réessayer avec Viertel. Alors ils ne savaient pas faire du surf, ni l'un ni l'autre, ils n'ont jamais pu se mettre debout, et ils ont arrêté les frais.

Et moi quand je suis rentrée en décembre 56. Les copains de Biarritz me disent, "Jacky, il y a un américain qui est venu, avec une planche de surf, une vraie, et qu'il l'a laissé chez Hennebutte à Biarritz."

Hennebutte, je ne le connaissais pas. Donc je lui ai téléphoné, et je lui ai dit qui j'étais, et je lui ai demandé si je peux pouvais venir copier cette planche pour en faire une ? Il m'a dit, c'est avec plaisir, tu viens. J'y suis allé, j'ai fait sa connaissance, charmant. Il m'a laissé faire tout ce que je voulais. Donc j'ai pris les dimensions de la planche, les courbes à peu près. Et j'ai commandé aussitôt du balsa, à Paris, j'avais un fournisseur qui s'appelai Henri Caumes, et il l'a fait venir du Pérou, je crois, son Balsa. Malheureusement je n'ai pas eu des grands madriers, mais des petites poutres, il a fallu que je reconstitue. Alors c'était des poutres qui n'étaient pas très épaisses.

Plus pour le modélisme, quelque choses comme ça?

Oui…c'était des choses faites pour l'aéromodélisme, mais pas pour le surf. Donc lui, il était référencé Balsa [voir la note 2]. Mais moi je ne savais pas quelle épaisseur il fallait. Je pensais qu'on allait m'envoyer de beaux madriers. Il m'a envoyé des madriers qui faisaient 80 d'épaisseur. Dans 80 d'épaisseurs, compte tenu du rocker qu'il faut donner à l'avant et à l'arrière, je n'avais pas beaucoup de moyen de m'exprimer.

Et j'ai donc fait deux planches, quand je dis j'ai, c'est nous, parce que j'ai tout fait avec mon frère. Nous avons fait deux planches. Quand elles ont été terminées, il a fallu les étancher…… je connaissais la laque polyester, que j'utilisais pour les plankys…mais je me disais on avait un ami, qui était fabriquant de chaussures à Saint Paul, qui s'appelait Josée Doyoresti, une famille de Biarritz, dont une partie de la famille habitait en Californie. Il me disait chaque fois qu'il venait chercher des talons, " vous savez, c'est très bien, mais vous allez glisser, il faudrait que vous mettiez dessus de la paraffine et dessous pour glisser plus facilement, ils mettent du silicone ", ça s'appelle, je m'en rappellerai toujours le nom, du "Carplate". Ils pulvérisaient du Carplate dessous et dessus de la paraffine.

Mais je lui avais dit, attendait, la paraffine sur une planche de surf ! Moi j'en mets sous mes skis pour aller plus vite, je ne me vois pas mettre de la paraffine sur mon surf, là je vais me casser la figure…voilà l'origine.

Tout ça pour vous dire, pour en revenir à la rencontre avec Hennebutte, qu'elle s'est faite comme ça. C'est-à-dire que je suis allé chez lui, il m'a laissé copier la planche, et j'ai fabriqué deux planches de surf. Que j'ai mis à l'eau après à l'été 57…voilà comment j'ai connu Hennebutte.

C'est une belle histoire.

5. Il y avait d'autres fabricants en Espagne, un certain Marcello Linazasoro…Qui est charpentier sur San Sébastian…et j'ai quelques photos à vous montrer afin de voir comment il fabriquait ses planches. Je pense que c'est à peu près le même procédé que vous aviez. Il y avait un moule, ce qu'il lui reste et voilà le résultat obtenu…
Oui, il met son déroulé la, alors c'est un deux, trois plis…alors ça, ça ne vaut rien…3 plis ça ne vaut rien, il faut 5 plis. Si vous voulez que ça tienne, il faut 5 plis. Et à la presse vous écrasez le tout, et vous démoulez quand la colle est sèche. Et en plus il les avait incurvés, j'en ai vu des plankys avec l'arrière incurvé. J'en ai fait quelques-uns comme ça, mais j'ai arrêté rapidement, car ça n'apportait pas grand-chose, ça par contre je n'ai jamais vu. Il était beaucoup plus large comme ceci je pense, oui comme ça.

J'ai la première qui a servi à faire le châssis, qui est en bas.


Marcelo Linazasoro, planky Espagnol (Basque txampero) presse et planky Espagnol avec arrière incurvé.


Photo courtoisie Lázaro Echegaray Eizaguirre and Mikel Troitiño Berasategi (2007). What the waves brought in: a history of surfing in Zarautz. Zarautz: Ayuntamiento de Zarautz, Departamento de Cultura et photo plancée espagnole par Gavin Randall de surf traditionnelle company, UK.

J'aimerai bien les prendre en photo tout à l'heure.

Je vous les montrerai, et j'ai celle sur laquelle je faisais du planky, que j'ai ramenée de Biarritz, il y a …cet hiver…mais la première, elle est brute de bois, elle est toute salle, elle a subi tous les outrages du temps.


Jacky Rott avec son planky personnel en bleue et la planche brut ayant servi de gabarit pour le moule.

Photo par Philip Zibin.

Et sur vos planches, vous aviez un logo, une marque?

Non les premières planches que j'ai faites, je les avais appelées Neptune…

Oui c'est les planches de surf.

Autrement sur les plankys…rien…non, il n'y avait rien. Mon frère m'a rappelé une anecdote, parce que je trouvais que c'était un peu nu…et à l'époque, on était au lendemain de la guerre, il y avait des Pin-up. J'avais des décalcomanies avec des Pin-up et je les ai mises sur les planches. Alors les copains à Biarritz ils étaient très content d'avoir une Pin-up.…elles n'étaient pas à poils…

Non je sais, c'est celles qu'il y avait sur les avions…

Voilà, les Pin-up de l'après-guerre…et puis quand je suis arrivé un jour dans un magasin pour vendre mes Pinups, ils m'ont renvoyé, "on n'en veut pas de ce truc-là" Il a fallu que je vende des planches nues.

Vous savez combien de planches vous fabriquiez? Par jours?

Je ne sais pas, on faisait ça à temps perdu…combien j'en faisais ? Je n'en sais rien…

A peu près le volume?

Je n'en sais rien…bah à peu près une vingtaine par jour.

Est-ce que vous faisiez de la location de planche aussi?

Non, je ne faisais que de la fabrication, on livrait aux magasins…on ne pouvait pas tous faire.

Sosthène LARCEBEAU de Bayonne faisait aussi des plankys. Pouvez-vous me dire plus sur lui et sur les Planches qu'il fabriquait?

Non, je ne m'en souviens pas.

Qui d'autre faisaient des plankys?

On était peu à l'époque, pas de souvenir.
6. Jacky commença à parler de surfer et de fabriquer des planches (de surf).
….de la confiture, j'ai fauché de la paraffine, j'ai farté avec des ronds, j'ai mis cette paraffine dessus, ce qui m'a permis de rester debout. Et après, quand j'étais associé avec Barland, on fabriquait nous même les pains de wax. Il doit m'en rester un ou deux d'ailleurs.

Un collector!

Oui, oui je les gardes précieusement. Maintenant, je peux vous montrer une photo de moi, avant de repartir à Biarritz en 57, après l'échec de 52…parce que l'échec de 52 c'était avec tous mes copains qui étaient guide-baigneurs à Biarritz, ils s'en rappelaient…ils s'en rappellent encore ceux qui sont vivants. Donc ils savaient que je construisais des surfs par rapport au model "Viertel".

Mais je me suis dit le model "Viertel", il faut que je l'essai sur la côte Landaise, là où il n'y a personne, de manière à ne pas être ridicule une deuxième fois lorsque tu reviendras à Biarritz.

Alors, ce que j'ai fait un soir, c'était au mois de mai, par-là, il ne faisait pas chaud, et c'était tempétueux… On avait fini nos planches et on était allé les chercher…je ne vous ai pas parlé de l'étanchéité de la planche…étant donné que je n'avais pas ce qu'il fallait.

Il y avait à Uza un Monsieur, qui avait commencé à tâter dans le polyester. C'était les forges d'Uza, qui appartenaient au Marquis Lur-Saluces, qui n'était autre que le propriétaire de "Château Yquem". Il avait monté ce truc-là.

Je suis allé voir le directeur de cette usine et lui avait demandé s'il pouvait stratifier ces planches. Il m'avait dit, pas de problème, on peut les stratifier. Je les lui ai laissées… J'étais arrivé avec des planches finies qui faisaient 15 kg. Quand je suis revenu les chercher, nous les avons récupérées avec mon frère, c'était des poutres, des madriers…30kg, elles faisaient les planches !!!

Elles avaient absorbé la résine.

Il avait oublié, il ne savait pas ce que c'était du balsa. Quand je suis arrivé, j'étais scandalisé. Comment cela se fait que vous ayez obtenu un poids pareil?

Ah, ben les ouvriers, ils sont arrivés, et à chaque fois qu'ils passaient de la résine……pouf c'était bu…alors ils repassaient de la résine jusqu'à que ce ne boive plus. Alors ils ont saturé et mis les tissus et je suis arrivé à des poids faramineux…j'avais des transatlantiques comme planches. Cela ne bougeait pas, il pouvait faire tempête…avec le poids qu'elles avaient.

Et donc, c'est peut-être ça, surement, qui m'a permis de pouvoir rester debout au premier coup tout seul, debout stable, parce que la planche ne bougeait pas, elle était très large et très longue, 3m40 de longueur…je vous montrerai la photo…parce que je ne l'ai plus maintenant.

Donc je suis allé essayer cette planche, avec mon frère, mon père et ma mère, un soir à Hossegor, à l'épi nord, là où se fait aujourd'hui le championnat du monde…entre la gravière et l'épi.

On y est allé, il n'y avait pas un chat sur la plage…personne…absolument personne…et je me suis mis à l'eau là. Et comme je faisais du body et du planky, c'est là que j'allais. Je savais qu'il y avait de vagues, donc je me mettais directement à l'eau à cet endroit-là.

J'ai pris cette première vague, j'étais le plus heureux des hommes, et j'ai dit en sortant, "bon maintenant, je peux allez à Biarritz ça marche".

Parce que tous les gars qui venaient et qui me voyaient faire, ils me disaient tous, "tu es fou, ça ne marchera jamais". J'avais le père d'un copain qui n'était pas ingénieur, mais enfin presque, qui me disait que ça ne pouvez pas marcher, avec démonstration à l'appui au tableau…Les vagues du pacifique ont cette forme. Tandis que les vagues de l'atlantique, elles ont cette forme. Donc tu ne peux pas ! Ça va ne jamais marcher ton truc ! J'ai prouvé le contraire. J'ai attendu le mois de juin que ça réchauffe un peu, parce qu'on surfait sans combinaison. Donc un dimanche, je suis allez à Biarritz, et je suis allé à la côte des basques, près de la villa Belza. Je suis allé surfer là pour la première fois. Après je suis allé à la grande plage…j'ai extrapolé ça sur toutes les plages de Biarritz.

Et puis derrière ça, les copains ont vu ce que j'avais fait. J'avais deux planches, une qui était pour moi (je m'en servais toujours) et l'autre que je prêtais aux autres copains. Et quand je sortais de l'eau, ils attendaient que j'ai fini et me demandait ma planche, je la prêtais et ils partaient avec.

A la sortie, inévitablement, "tu m'en fais une" Voilà comment ça a commencé.


Planky Français


Crédit photos de Gérard Decoster.

7. Quelle est d'après vous l'influence du plankys sur le surf en France?
L'influence, qu'il a pu avoir sur des gens comme moi ? Parce que le planky tout le monde l'a vu, il y en a qui l'ont vu avant moi, des gens comme Hennebutte l'ont vu avant moii…ça n'a pas pour autant donné l'idée de se dire que l'on va faire une planche plus longue pour se mettre debout.

Le film que j'ai vu en 1951 de cette séquence de bombardement à Pearl Harbour, je ne suis pas le seul à l'avoir vu, c'était pendant les actualités, ne me demandez pas le titre du film, je ne m'en rappelle pas, ce donc je me rappelle de ce jour-là, c'est que j'ai vu un gars debout sur une planche. Ça m'a fait tilt, et s'est resté marqué dans ma mémoire. Donc tout cela, des quantités de gens l'ont vu, donc aucun n'a eu la passion de le relever le défi, c'est tout.

C'a été un élément révélateur, qui a fait que, comme j'étais un fou de la plage et tout ce qui glissait, le ski c'est pareil, j'y étais tout le temps fourré…dès que j'avais un weekend, ben je partais skier, j'adorais ça. J'adore la glisse, donc…la première fois que j'ai glissé sur une planche de surf…c'est un bonheur indicible.

Quand vous partez au milieu…on n'entend rien, on est porté par la vague, par les flots, et je ne savais rien faire par rapport à ce que font les garçons aujourd'hui. Je me suis contenté au début de glisser à la perpendiculaire par rapport à la vague et après j'ai commencé à tourner et à la prendre à l'oblique…et tout ça, ça a été une opération qui a été longue.

Et je m'en souviendrai toujours, une séance de sauvetage avait été organisée à la grande plage de Biarritz. Et donc il y avait la planche de Viertel, qu'il avait, puisque c'est lui qui l'avait gardée, les deux miennes, et il y avait l'équipe Australienne, qui était là. On a balbutié sur nos planches de surf par rapport à eux. Et puis ils nous ont demandé nos planches, je leur ai prêté mes planches. Puis ils sont partis à l'eau et je m'en rappellerai toujours, il y en a un qui est parti au large, avec la planche rouge que j'avais. Tout d'un coup, en face de lui arrivaient des rouleaux. Mais je constatais qu'il ne se tournait pas, il ne se tournait jamais avec la planche. Il a simplement tourné lui-même sur la planche et il est parti dérive en l'air vers le bord, et comme l'arrière était un peu pointu, il est parti à surfer, et il se servait de l'avant de la planche comme dérive. Il y avait la dérive en l'air, on s'est tous regardé et on s'est dit qu'on avait des progrès à faire … parce qu'on était scié quand on avait vu ça, complètement scié.

Ils ont une histoire du surf, beaucoup plus ancienne, ils ont l'habitude.

D'ailleurs quand nous sommes arrivé en 61, au championnat du monde la bas, où on s'est retrouvé avec tous les continents et tous les surfeurs de la planète …peuffff…on y a plus appris qu'autre chose…parce qu'on a vu des choses que l'on était pas habitué à voir [voir la note 3].


Jacky Rott, 5eme à partir de la droite, Championnat international de surf au Péru en 1962.

Wiese, Guillermo. Playa de Kon-Tiki, Waikiki Surf Club Magazine, pages 26-27.

Oui les péruviens étaient déjà….

Oui ils étaient déjà bon….il y avait les californiens,

Les australiens,

Oui les grandes vedettes de l'époque qui étaient-là, les sud-africains qui étaient là également…mais moi ce dont je me souviendrai toujours, c'est qu'au début du surf ici, on s'est très rapidement retrouvé une colonie d'une dizaine à l'eau. Pour les sorties surf, on se téléphonait le samedi, on se retrouvait à telle heure à la grande plage ou une autre…et on partait en safari avec les planches sur la voiture…on partait à La Barre, Guéthary, dans tous les spots que l'on avait découvert sur la côte basque. Et on surfait en groupe, entre copain. Je me rappellerai toujours à Guéthary, partir à 3 sur la vague, avec le ferme désir de surfer à 3 sur la vague, se croiser dans la vague comme ça.

Aujourd'hui, vous faites un truc comme ça, vous vous faites tuer…"Tu m'a volé ma vague". Attendez, ça se finit en baston…ce n'est pas possible…je n'ai pas connu ça heureusement.


Pictured Sur la photo ci-dessous sont les surfeurs français originaux, le "groupe de dix", connu en tant que Tontons [voir la note 4]



Photos de 'Les origines du Surf' par "Carrefour du Futur."


Jacky Rott et ses amis surfeurs, Cotes des Basques, ca. 1957

Photo de Joël de Rosnay, avec la courtoisie de Antony 'Yep' Colas.

C'est une autre mentalité, effectivement.

Je vous avoue, que le surf c'a été pour moi quelque chose dans ma vie d'extraordinaire.

J'ai connu le ski, la joie du ski…j'ai connu le surf, mais, je pense que j'ai eu plus d'émotion au surf que j'en ai eu au ski. Le ski c'est une chose, moi j'adorai la poudreuse, je n'aime pas la piste, se faire la trace, ça correspond un petit peu à la prise de la vague et le haut de la montagne est là, on choisit sa piste, sa trace, et la montagne, elle ne bouge pas, sauf si il y a une avalanche, bien sûr.

Quand on est dans l'eau, c'est l'avalanche et elle est derrière, et elle ne demande qu'une chose, c'est vous cravater. Et quelque fois, quand ça ferme devant, il faut sortir, il faut sortir à temps, c'est le cas de le dire… …c'est une autre émotion. C'est beaucoup plus intense que le ski. Beaucoup plus.

Je pense, que les freeriders, là ils doivent se faire vraiment peur, ce sont des fous ceux-là.

A compétence physique équivalente, c'est vrai qu'au niveau du surf on se fait plus de frayeur qu'en ski.

Oui, surtout maintenant, ou ils surfent n'importe quoi, n'importe où.

8. J'ai quelques anecdotes, et je voulais savoir si vous en aviez entendu parler ? Il y avait Justin Hiriart (un Maire de Sare)…qui serait allé Hawaii en 1912, et…
En 1912?

Oui c'est ce que j'ai eu comme information…et qu'il aurait fabriqué une sorte de planky à partir de tonneau de vin. Ça ne vous dis rien du tout?

Je vais vous dire que l'on entend de tout et moi je réponds à ça une chose qui est très simple. Maintenant, je ne sais pas pourquoi, tout le monde veux avoir l'antériorité absolu de tout. On ne peut pas l'avoir. Je sais ce que j'ai fait, je ne prétends pas…je n'ai rien inventé, je n'ai fait que copier. Mais je constate une chose, c'est qu'avant d'avoir fait ce que j'ai fait, au vu de ce que j'ai vu, je n'avais rien vu d'autre, en France. Alors, maintenant on me parle de planches qui auraient été construites par un certain…un tel à Biarritz, je ne les ai jamais vues ! Or, à partir du moment où on m'a vu sur une planche à Biarritz, je peux vous dire immédiatement, qu'il y a eu des copistes qui sont arrivés pour en fabriquer.

Michel Barland, qui est devenu mon associé, il m'a vu dans l'eau, il m'a dit qu'est que c'est que ce truc la ? Ou est-ce que vous…je lui ai dit, elle est chez Hennebutte, le model est chez Hennebutte, je lui ai raconté la même chose.

Il est allez chez Hennebutte, et il a fait ce que j'ai fait, il est venu prendre les cotes de la planche de Viertel, en 57, et il a commencé, comme il était fabricant de…Ingénieur Mécanicien, il avait un gros atelier de mécanique à Biarritz. Il a commencé à fabriquer des planches de surf, creuses, il les avait étanchée avec de la toile cirée par-dessus. Et puis un beau jour, je vois arriver Michel Barland avec une planche de surf, creuse, avec la toile cirée, tout le "Saint Bénard". Bon qui marche…elle avait l'avantage de flotter. Quelques jours après, je vois arriver un gars d'Orthez, Bruno Reinhardt. Lequel Bruno était le directeur de la fabrique de siège du bois béarnais à Orthez. Donc, il avait du bois à disposition, il a fait un surf à son idée, avec le dessus en contreplaqué, deux membrures sur les cotées, le tout vissé. Alors, on était à tu et à toi, tout de suite, tous là. Je lui ai dit, attends un peu, ta planche la, elle était vernie, ta planche ça va pas marcher. Et pourquoi ? Elle va se remplir d'eau, tu n'as pas mis de bouchon de vidange derrière. Mets des bouchons de vidange, parce que quand tu vas rentrer tout à l'heure, elle sera pleine d'eau. Ce n'est pas possible, je l'ai collée à la Caurite, que j'avais utilisée moi avec mes plankys. Tu l'as collée à la Caurite, mais tu as mis des vis, elles ont fait des trous, et l'eau elle va passer par les trous, par les spires de la vis. Ça n'a pas manqué, car quand il est sorti, elle était pleine d'eau. Au début, il prenait des vagues, mais après il faisait le sous-marin. Il est revenu le dimanche d'après avec deux trous à l'arrière et deux bouchons de vidange. A chaque fois qu'il sortait d'une heure de surf, il défaisait le bouchon et vidait le truc. Pour vous dire qu'à partir du moment où m'a planche a été vue, à partir du moment où d'abord la planche de Viertel a été vue, moi immédiatement j'en ai fait une. Et de là, il y a eu des petits qui sont arrivés derrière. Les petits que j'ai fabriqué, et les petits qu'a fabriqué Barland, par ce que c'est Barland qui s'est mis a faire des planches chez lui aussi. Et ce n'est qu'au bout de je ne sais pas combien d'année…deux, trois ans que l'on s'est associé pour essayer de faire avancer la technique plus vite, parce que on faisait chacun, on était visité par des ingénieurs chimistes de chez Rhône Poulenc et de chez Saint Gobin…qui faisaient faire les même bêtises à Barland, qu'ils me faisaient faire à moi, et vice et versa [voir la note 5]. Suivant qu'ils arrivent les premiers chez Barland ou les premiers ici, on faisait les mêmes bêtises. Alors on s'est dit, on ne peut pas continuer comme ça, on va s'associer pour faire avancer le truc, c'est comme ça que l'on est devenu associé. L'association s'est faite sur l'eau, dans l'eau, on s'est dit-on s'associé, tape dans la main, on n'a jamais signé aucun papier. On est resté associé comme ça pendant quelques années. On a fait le salon nautique ensemble et puis un beau jour j'en ai eu marre, pour x raisons, Bon j'ai dit Michel, J'arrête. Vous continuez à fabriquer des planches, je vous demande de laisser pendant un certain temps la marque Barland / Rott, et puis le jour où je voudrais une planche, vous me la fabriquerai, moi j'arrête. Voilà!


Jacky Rott 2015 Réunion à vintage surf - Hossegor, planches de surf Barland-Rott


Photos par Jean-Pierre Guedon. Jean-Pierre Guedon blog.


Logos Barland-Rott 


Photos par Jean-Pierre Guedon.

J'ai arrêté le surf, comme j'ai arrêté le planky, la fabrication. Parce que j'avais d'autres chats à fouetter. J'avais d'autre activités, qui étaient beaucoup plus rentable que celle-là, parce que on y mangeait l'argent qu'on voulait, je ne vous dis pas le pognon qu'on a bouffé. Heureusement, que moi j'avais une entreprise qui me permettais de vivre, c'était devenu une danseuse le surf. Et pour lui, il avait une activité métallurgique, le surf c'était une danseuse, mais ça nous couté à l'un comme à l'autre beaucoup d'argent. On n'aurait pas eu nos activités professionnelles, on n'aurait pas pu tenir. Après, il y avait des individuels, j'ai un copain, Pierrot LAHARRAGUE qui s'est fait une planche dans sa cave, elle est resté dans sa cave, elle n'a pas marché, elle n'a pas tenu. Après, je recevais des coups de téléphone de gars d'Hossegor, un peu partout. Pour me demander, comment on faisait, tout ça.

Ça a suscité des vocations en pagaille, c'est pour ça que je me dis qu'avec toutes les anecdotes dont on parle, et il y en a beaucoup, elles n'ont jamais été suivies.

C'était des anecdotes, qui sont retranscrite par d'autres personnes.

Je pense, que quand on a une passion, on va au bout, autrement ce n'est pas une passion.

Hennebutte, il a eu des passions, il est allez au bout de chaque passion. Toutes les passions qu'il a eues, il les a amenées au bout, il a fait des conneries, qui n'ont pas marchées, mais il a fait des trucs qui ont très bien marché. Et il a fait des trucs qui ont très bien marché et qui ont défié pas mal d'interdis. On lui disait, ça ne marchera pas, tu vas te noyer, etc…avec l'espadon précisément, le franchissement de la barre d'Étel [voir la note 6]. Ou il y avait interdiction de la préfecture, et il la franchi quand même.

Bon, quand on veut, quand on voit quelques choses qui vous plait et que l'on commence à en faire un exemplaire, pour essayer de s'en servir, on s'arrête pas en route. Je ne me suis pas arrêté à mon échec de 52, j'ai continué.

Le but de cette recherche, c'est de voir quelle est l'influence, à quel moment, là je vois bien que c'était à partir de 47 que le planky Français….

Nous en discutant (avec Durcudoy) hier soir, on l'a situé en 1947, parce qu'en 1945, c'était la libération, pendant la guerre on n'en a pas vu…

C'était interdit de se baigner je suppose?

On ne pouvait pas, donc en 1945, les premiers gens qui ont glissé sur l'eau, à la libération c'est les américains à Biarritz, avec leurs boudins et leurs matelas pneumatiques.

C'est la première fois que je voyais des gens glisser sur l'eau comme ça…nous on faisait du Body…on n'avait pas de palme, on faisait du Body.

Et avant-guerre, il y avait quelque chose? Des gens allaient surfer?

Non je n'ai jamais vu, ni de plankys, ni de rien du tout, jamais, jamais.

Alors qu'y en a, qui disent qu'à Biarritz, le planky se pratiquait. Je pense qu'il y aurait des photos, des vestiges. Je pense que l'on en aurait entendu parler. Et je pense aussi que l'on ne serait pas resté avec une période aussi longue, sans le développement de quelques choses.

Parce que je vous le dis, de ce que j'ai vu en 52, si je n'étais pas parti à l'armée en 52, je peux vous dire qu'après le film "Hawaii iles de rêves" de Jacques Chegaray, j'aurais fait une vraie planche de surf. Parce que là, les profils que j' ai vu, je ne les ai pas eues entre les mains, mais je les ai vus. Donc j'aurais commandé du balsa, ce que j'ai fait en 1957, et j'aurais fabriqué une planche de surf dès cette époque-là. Je n'aurais pas attendu cette période où je n'ai rien fait, parce que l'armée m'en a empêché.

Alors, tous ces gens qui parlent, qui parlent, moi je les laisse causer. Comme je leur dit, on peut remonter à beaucoup plus loin, je suis convaincu qu'un jour, Leonard de Vinci a dessiné une planche de surf.

C'est possible, on ne l'a pas encore trouvé. Il a dû y penser en tout cas. C'était un génie avec beaucoup d'idée.

On a fait le tour des questions sur le planky, on essaye d'éclaircir cette histoire du planky. Surtout le planky Français. En Angleterre, on a des photos, des revues, ça se pratiquait dans les années 30 mais pas avec cette forme recourbée qui est spécifique à la France. C'était des planches plates (erreur de ma part). Les gens les maintenaient vers l'arrière pour pouvoir évite d'enfourner. Il les tenaient eux-mêmes. Oui, ils les tenaient eux-mêmes et ça se faisait sur les plages de Cornouailles où on a pied sur le sable et les gens se poussaient avec les pieds.


Ah…ils se poussaient avec les pieds, alors là c'est faisable?

Ils se poussaient du fond avec les pieds, et après ils glissaient sur le rouleau, la mousse de bord, jusqu'au bord. Donc ça se faisait dans les années trente…et on a pensé que comme la famille Royale Anglaise passait de longues vacances à Biarritz. Et peut-être qu'il s'agit d'un import anglais dans les années 20 ou 30.


Un surfeur poussant au-dessus du fond est visible au milieu de cette carte postale.


Photos courtoisie Philip Zibin.

Là, je vous avoue franchement, je suis née en 1932. Entre 32 et 35, j'étais tout petit et je n'ai aucune mémoire de ces choses-là. Moi je me rappelle quand on allait à Biarritz, on allait ramasser des crevettes et des crabes, on ne regardait pas trop ce qui se passait dans l'eau. Et je n'ai aucun souvenir, et avec mes copains guide-baigneurs, on en parle quelques fois. On n'a aucun souvenir d'avoir vu glisser des gens sur l'eau, aucun. Pas plus eux que moi. Moi j'y étais pas tous les jours à Biarritz, eux ils y étaient tous les jours, c'étaient des surveillant de plages. Il n'y en a aucun qui ai pu me donner une anecdote de cette nature. Aucun.



(Ci-dessous à droite) Surfeurs inconnus à Biarritz avec Planky (vers la fin des années 1920 ou le début des années 1930)[See Note A.]
xxxx (Below left) Ci-dessous à gauche) LEC Planky, non daté, mesurant 1m x 0,36m, probablement de la ville de Royan, France 



Photos gracieuseté de Charles Upton (à gauche) et Fred Uresta (à droite).

Deux questions aux lecteurs:
(1) Nous croyons savoir qu'un concours de planky a été organisé en France vers l'année 1950. N'hésitez pas à nous contacter si vous avez des informations concernant ce concours. Email:
The Paipo Interviews | paipodude@mypaipoboards.org

(2) What is the meaning of the letters LEC?
email: The Paipo Interviews | paipodude@mypaipoboards.org


C'est ce que l'on essaie d'éclaircir. Il y a beaucoup d'informations, mais sujet à caution, car on n'a aucun document. Il y a peut-être eu effectivement des essaies d'individus, qui ont n'a pas pousser plus loin ou abandonné. Car fabriquer une planche avec des restes de tonneau en bois, ça n'a pas donné grand-chose.

Non, une douve de barrique, elle est recourbée sur toute sa longueur. Il n'y a pas de partie plate. Le seul avantage qu'ils ont est que ça garde le galbe, mais c'est en chêne et c'est épais, c'est lourd. Le chêne est très lourd, alors que pour flotter, on recherche des bois qui sont très très légers.

J'ai vu des photos, car tous mes copains, ils se fichent de moi, car je me rappelle la première fois que je suis arrivé à Biarritz avec une planche. Je l'ai portée sur la tête, car elle était trop lourde, 25 kg, non 30kg et 35kg en fin de saison quand elles avaient bu un peu d'eau. Elles prenaient des coups,il n'y avait pas de Leach, elles allaient dans les rochers et ça rentrait dans le balsa. Il fallait attendre la fin de la saison pour que ça sèche. Et tout le monde se foutait de moi, en majorité, "qu'est-ce que c'est que ce truc-là? ", "Tu te crois aux iles Hawaii", ceci cela.

Oui…les sceptiques. Il y en a beaucoup.

Oui, les sceptiques ça en est plein. "Ça ne marchera jamais ton truc", "jamais ça ne marchera". Et là quand je vois la masse de surfeurs qu'il y a sur tout le littoral Atlantique, partout en Europe. Ça surfe de tous les côtés, et "ça ne marchera pas".

Mon frère me dit souvent, il y a une chose que l'on n'a pas vue…je n'ai pas vu le coté commercial du surf. On faisait des planches de surf, on vendait à droite à gauche, mais, ça ne représentait pas grand-chose. Le surf a démarré et il a mis du temps. Et c'est avec l'invention d'Hennebute, le fameux "fil à la patte" [voir la note 7], qui a permis de le démocratiser. Moi j'en parle tout le temps, l'invention Française, c'est celle-là, et c'est arrivé quelques années après aux états unis, baptisée le Leach. Sophistiqué et maintenant il y en a partout.

Et là, je suis en faute, ainsi que tout le groupe que nous étions à Biarritz. On s'est foutu de lui parce que le caoutchouc qu'il avait était très raide. C'était une sorte de sandow, on en prenait plein la cheville. Et j'avais dit à Durcudoy qui était son cobaye " Claude, tu viens à Guéthary avec ça, tu as une vague qui te tombe dessus, tu vas te fais arracher la jambe mon pauvre, parce que il n'y a pas d'élasticité ".

Comme un alpiniste avec une corde trop raide…

Voilà, nous on n'en voulait pas, on disait ça ne marchera pas ton truc. Et le pauvre garçon, au lieu de prendre un brevet, il a pris une enveloppe solo
[voir la note 8]. C'est resté à l'état d'enveloppe solo, je ne sais pas s'il avait les moyens de défendre un brevet mondial. Un brevet mondial, ça coute cher et rien que les recherches d'antériorité, vous voyez ou vous allez…mais bon cela ce serait heurter au gars qui a trouvé le sandow, mais pas pour cette application-là.

Mais grâce à cette application, il a mis le surf à la portée de tout le monde, c'est le remonte pente du ski. Parce qu'à l'époque nous étions plus nageurs que nous étions surfeurs. Parce que si arrivé au large, on se foutait en l'air, c'est bel et bien en body qu'on rentrait et il fallait repartir aussi sec au large. Et souvent à la côte des basques, il y avait des blocs, alors on avait des "boys", les gosses qui nous ramassaient nos planches avant quelles heurtent les blocs, moyennant quoi, pendant qu'on rentrait à la nage, ils prenaient une ou deux vagues. Et ils nous redonnaient nos surfs. La vraie invention c'est Hennebutte. Son fil à la pâte c'est génial mais aussi l'inconvénient d'avoir fait se multiplier les myriades de surfeurs qu'il y a dans l'eau maintenant.

Bien, nous sommes arrivés à la fin de cette interview. Je tiens à vous remercier pour le temps que nous avons passé ensemble et pour toutes les informations précieuses que vous avez partagées avec moi. Donc, voyons vos célèbres plankies dans le hangar. Je vais prendre quelques photos avec vous.


Barland-Rott fin logo

Photo par Guilhem Rainfray.

Un héros du surf français est honoré.

   
Le 10 juillet 2018, Jacky Rott était aux côtés des championnes et champions Joël de Rosnay, Pauline Ado, Tom Curren, Maritxu Darrigrand, et Nat Young pour laisser ses empruntes de pied sur l'Anglet surf avenue

L'été dernier, la ville d'Anglet avait honoré Jacky Rott de l'empreinte de ses pieds sur l'avenue du surf.    

Photos Gravée de Alexandre Rott.


Rest in Peace, Jacky Rott
(27 août 1932  - 9 juin 2019, 87 ans)


Gibus de Soultrait testimonial:

L’ébéniste de Dax, Jacky ROTT, en 1952, il va au cinéma et il y a un film sur Pearl Harbour et il assiste à une scène dans le film, qui est très courte, ou il voit un surfer debout sur une planche de surf glisser sur une vague.

Pour lui ; c’est une révélation « on peut se mettre debout sur une planche, c’est génial ! Il faut que j’essaie »

Et du coup, il construit, lui-même, à partir de son imagination, une planche de surf.
Une taille de 2m50 avec une spatule, et il s’initie tout seul au printemps. Toujours est-il qu’il n’y arrive pas, parce que ben d’abord, il ne sait pas qu’il faut mettre de la paraffine sur la planche pour ne pas glisser en se mettant debout.

Néanmoins, ça reste le premier essai, la première tentative faites par un homme pour essayer de se mettre debout sur une planche de surf en France

Robert RABAGNY testimonial:

C’est vraiment quelqu’un qui était accessible, prêt à donner des conseils, comment il avait fait les planches de l’époque. C’est des planches qui faisaient 20kg, et à l’époque quand on surfait sans leash, qu’elles partaient au bord dans les blocs, elles prenaient des coups et dès qu’elles prenaient de l’eau évidement, elles prenaient du poids et elles arrivaient à faire 50kg. C’étaient les premières planches. Dont il avait fait la marque avec Michel BARLAND et il en avait fait à part (Neptune Brand).

Donc moi, j’en ai une, une Jacky ROTT que je garde précieusement pour un jour quand il y aura un vrai musée du surf en l’honneur de tous ces tontons surfeurs. On leur doit beaucoup, à aujourd’hui l’essor que l’on connait dans le milieu du surf c’est une grande part à ces pionniers qu’on prenait pour des fous et Jacky, le Dacquois (people from Dax), a beaucoup participé à cet essor, à cette histoire, et c’est une grande tristesse pour le monde du surf que Jacky nous quitte.

Des eulogies supplémentaires ont-ils été trouvés en ligne à:

Source: Servaire, Olivier. (2019, June 8). Hommage à Jacky Rott, pionnier du surf français. Surf Session (website). Panthéon du surf français.



Notes:

Note 1: Voir Construction des feuilles de contreplaqué.
Note 2:
Présent dans l'un des annuaires français de l'industrie.
Note 3: En 1962 Les championnats du monde de surf ont eu lieu au Pérou.

Note 4:
Livre en Français (Source: Gardinier, Alain. 2004. Les tontons surfeurs: Aux sources du surf français. Anglet, France: Atlantica) Les tontons surfeurs inclus: Michel Barland, Jacky Rott, Georges Hennebutte, Henri Etchepare, Jean Brana, Claude Durcudoy, Jo Moraïz, Joël De Rosnay, Arnaud De Rosnay, Bruno Reinhardt, Alain Bégué, Jean Brana, B Pierre Laharrague, André Plumcocq, Paul Pondepeyre, Robert Bergeruc, M. Lartigues, J. Fagalde et Carlos Dogny.
Note 5:
Processus chimique, dosage des produits.
Note 6:
Voir L’espadon, franchissement de la barre d’Etel.
L'activité inventive de Georges Hennebutte (1912-1974) qui entre autres choses fut sculpteur, designer de l'espadon (un bateau gonflable), du leash de surf, de dispositifs de sauvetage et bien d'autres inventions et est aussi reconnu pour l'élaboration du «ski-lift» le distinctif nez du planky. (Source: Gardinier, Alain. 2004. Les tontons surfeurs: Aux sources du surf français. Anglet, France: Atlantica)
Note 7:
Georges Hennebutte a développé un leash de surf dénommé «fils à la patte».
Note 8: Enveloppe Soleau: Enveloppe scellée qui sert de preuve de creation en datant une invention (valable uniquement en France).
Note A:
En ce qui concerne la datation de la photographie, le Musée nous a indiqué dans un e-mail du 29 mars 2021:
Vous avez donc certainement reconnu la Côte des Basques. On voit derrière deux bâtiments, la Villa Belza à gauche et l'Hôtel "Château des falaises", détruit en 1964 pour construire une immeuble résidentiel en béton. L'hôtel avait à l'origine plutôt l'allure d'un "chalet" avec une façade à pignon côté Côte des Basques, il a été rehaussé et modifié pour prendre l'aspect qu'il a sur la photo à la fin des années 1920 ou au tout début des années 1930.

La certitude que vous avez c'est que la photo est entre la fin des années 1920 et 1964.

Je pencherai plutôt pour les années 1930, ce que semble confirmer la tenue des baigneurs et la coiffure du personnage de droite.

Intéressantes ces planches, je ne savais pas qu'on s'amusait déjà à glisser sur l'eau à cette époque, avant l'arrivée officielle du surf à Biarritz en 1957...

Bonne fin de journée,

Jacques Battesti
Attaché de Conservation - Kontserbazioko laguntzailea
Musée Basque et de l'histoire de Bayonne Baionako Euskal Museoa
www.musee-basque.com



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Last updated on: 09/06/24